« L’enseignement des mathématiques peut faciliter l’émergence du Sénégal »

5 Janvier 2014 , Rédigé par XibniY : LE BLOG DE MOHAMED SALEH IBNI OUMAR Publié dans #OEIL SUR LES MATHEMATIQUES

 

Pr. Mamadou Sangharé, directeur de l’Ecole doctorale de mathématiques-informatiques: « L’enseignement des mathématiques peut faciliter l’émergence du Sénégal »

Enseignement mathsLe Pr. Mamadou Sangharé, directeur de l’École doctorale de mathématiques-informatiques (Edmi) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a rappelé, lors de la troisième édition des Doctoriales de cette institution, le rôle joué par la recherche mathématique dans les sciences contemporaines.

La troisième édition des Doctoriales de l’École doctorale de mathématiques-informatiques (Edmi), tenue, vendredi dernier, à l’Institut africain des sciences mathématiques du Sénégal (Aims) de Mbour, entre dans le cadre du programme de promotion des sciences mathématiques et de leur application. Ce forum d’échanges d’idées et d’expériences, qui a réuni des chercheurs de la communauté scientifique nationale et de la sous-région, mais aussi des étudiants, a été rehaussé par la présence du Pr. Souleymane Bachir Diagne.

Les participants ont ainsi débattu sur le thème : « Débouchés de l’après thèse en sciences appliquées ou fondamentales dans un pays de l’Afrique subsaharienne : obstacles et perspectives ». A cet effet, ils ont convenu que la recherche peut et doit être mise au service du développement des pays sous-développés. Car, ont-ils soutenu, la recherche mathématique est la meilleure arme dans la lutte pour un avenir meilleur.


Toutefois, le Pr. Sangharé, président de l’Aims, a déploré le désintérêt des jeunes pour la recherche en mathématiques et en physique. « Ils se disent tout simplement que c’est inutile, parce qu’après, ils ne trouvent pas de travail », a-t-il indiqué, rappelant que le degré de développement d’un pays se mesure, en très grande partie, à sa maîtrise des sciences fondamentales et des technologies.


Adapter les contenus aux besoins de développement


Selon M. Sangharé, le Sénégal en particulier, et l’Afrique en général, a besoin de mathématiciens. Car, a-t-il estimé, l’enseignement des sciences mathématiques et techniques adapté aux besoins de développement peut permettre à notre pays d’être parmi les Etats émergents, à l’image du Brésil. Ce pays sud-américain, connu grâce au football, a vu sa situation économique se redresser pour avoir réussi à se doter de sa propre expertise à l’égard des stratégies de développement mais aussi en mettant en place un véritable pôle de mathématiciens. « Avec l’Institut de mathématiques pures et appliquées (Impa) initié par un collègue, ce pays a pu former des génies en mathématiques en informatique et en physique qui ont totalement éclipsé ceux du ballon rond. Aujourd’hui, le Brésil est passé de pays de football à pays de biocarburant et compte maintenant parmi les nations émergentes », a fait savoir le directeur de l’Edmi qui pense que le Sénégal doit s’inspirer de cet exemple.

Le Pr. Sangharé a cité aussi le Maroc, précisément la ville de Fès qui abrite un institut de tannerie et de textile, déplorant ainsi qu’il n’y ait pas de Master de tannerie au Sénégal. « Des sociétés comme Bata n’auraient pas fermé leurs portes. Un Master de textile aurait également permis à des industries comme Sotiba et autres d’exister. Et il y aurait moins de chômeurs dans ce pays », a noté le président de l’Aims. Selon lui, il ne revient pas aux autorités de créer ces Masters, mais plutôt aux enseignants de jouer ce rôle.


Mamadou Sangharé a, par ailleurs, rappelé l’impérieuse nécessité d’adapter les contenus des enseignements aux préoccupations actuelles du pays. Il a également souligné l’importance de la modélisation mathématique, aussi bien en médecine que dans d’autres domaines. « Beaucoup de choses intéressent le Sénégal, notamment l’élevage, l’agriculture et l’environnement. Il y a les problèmes d’érosion côtière qu’on peut bien modéliser en mathématiques. Il faut donc orienter les recherches vers cela », a-t-il indiqué. Il recommande la sensibilisation dans un premier temps, ensuite la création de quelques petits exemples pour montrer que c’est tout à fait possible. Selon lui, cela va inciter les autres à suivre la cadence.

Samba Oumar FALL
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